Michele Savino, développement durable chez Swisscom
6 min

«L’informatique aide les entreprises à économiser du CO2»

Le «net zéro» est le mot d’ordre du jour. Les entreprises misent sur la durabilité. Mais à quel point les promesses sont-elles écologiques? Dans un entretien, Michele Savino explique comment les entreprises deviennent (plus) durables et quel rôle joue l’informatique.

Les entreprises doivent étayer leur image écologique par des faits. Dès le début de l’année 2024, la preuve de l’empreinte carbone basée sur des données sera obligatoire pour les entreprises de plus de 500 collaborateurs et collaboratrices, y compris les émissions des fournisseurs. Et ça marche. L’étude Swiss IT (en allemand) montre que près d’un tiers des entreprises participantes utilisent déjà des modèles de calcul pour présenter leur empreinte carbone. L’année précédente, ce chiffre n’était que de 13%. Michele Savino, Business Developer Data-Driven Sustainability chez Swisscom, analyse les résultats de l’étude Swiss IT. Il montre où en sont les entreprises sur la voie de l’objectif net zéro et ce qu’elles doivent faire pour que l’économie suisse puisse économiser encore plus de CO2.

Michele Savino, où en sont les entreprises suisses sur la voie du net zéro?

Ces deux dernières années, le paysage des entreprises suisses a été sacrément secoué. De plus en plus d’entreprises se penchent sur ce sujet, se fixent des objectifs climatiques concrets conformément à la Science Based Targets Initiative (SBTi) et calculent chaque année leur empreinte carbone. L’étude Swiss IT montre également que par rapport à l’année précédente (2022: 61 %), nettement moins d’entreprises ne mesurent pas du tout leur empreinte carbone (2023: 36 %)

Les PME s’engagent-elles aussi?

Oui, absolument. En effet, la pression s’accentue: les clients exigent de la transparence, et la durabilité est un avantage concurrentiel. En tant que fournisseurs de grandes entreprises, les PME sont également de plus en plus contraintes à déclarer leurs émissions de CO2. Et pour attirer les jeunes talents, il est essentiel pour toute entreprise de cultiver une image environnementale positive.

Où les entreprises recherchent-elles du soutien?

L’un des plus grands défis pour les entreprises est l’établissement du bilan climatique. Il constitue la base de la définition des objectifs climatiques. Les entreprises souhaitent être soutenues à cet égard et dans la mise en œuvre des mesures. Il faut aussi se faire conseiller afin de garantir le respect effectif des dispositions légales.

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Quelles sont les conditions préalables à l’établissement d’un bilan climatique?

Un bilan carbone nécessite des données sur la quantité et le type de formes d’énergie et de matériaux utilisés, par exemple sur les combustibles et carburants, la consommation d’électricité, les déplacements professionnels ou encore la consommation de papier. Souvent, ces données ne sont pas du tout collectées ou sont stockées de manière décentralisée au sein de l’entreprise. Pourtant, elles constituent une base centrale pour identifier des schémas de consommation d’énergie et le potentiel d’économies, et mettre en œuvre des solutions durables. Cela nécessite une documentation sur une plateforme centrale. La numérisation et le Data-Driven Business sont donc des éléments clés sur la voie de la neutralité climatique.

Comment les données nécessaires peuvent-elles être collectées?

Dans la mesure du possible, les données doivent être collectées efficacement et sans rupture de média.  Le monde interconnecté et l’Internet des objets (IoT) en plein essor établiront la collecte de données pertinentes à l’aide de capteurs.

Or, il n’est pas possible de collecter toutes les données pertinentes. C’est pourquoi des modèles de calcul sont nécessaires. Quel est leur objectif?

Oui, c’est cela. Les données sont en partie mesurées et estimées. Les modèles de calcul servent à représenter la réalité le plus précisément possible. Cela permet de calculer les émissions de certains procédés ou produits. Et des aspects, qui ne seraient pas visibles autrement, sont représentés, comme les émissions de CO2, les besoins énergétiques ou les flux de matières.

«Les données servent de base à la définition des objectifs climatiques et des mesures de réduction.»

Michele Savino

Comment peut-on déduire des mesures à partir des résultats?

Les modèles de calcul montrent où se situent les principaux leviers pour améliorer le bilan de durabilité. Il est ainsi possible de définir les mesures qui auront le plus d’impact.

Quel rôle joue l’informatique dans la réduction des émissions de CO2?

L’informatique permet d’une part d’économiser du CO2, par exemple en réduisant la mobilité grâce au Work Smart ou en gérant et optimisant automatiquement les chauffages à l’aide des technologies IoT. Les solutions informatiques permettent également de collecter des données, par exemple sur les bâtiments ou les véhicules. Les logiciels aident les entreprises à mesurer automatiquement leur empreinte carbone. Les modèles de calcul permettent de traiter les données et de les mettre à disposition comme point de départ de décisions basées sur les données, par exemple pour définir des objectifs climatiques et des mesures de réduction. L’informatique aide donc à surveiller la réalisation des objectifs de durabilité et à adapter les mesures en fonction du succès obtenu.

Que faut-il pour que l’économie économise encore plus de CO2?

Comme mentionné au début, de plus en plus d’entreprises établissent un bilan climatique, voire définissent des objectifs de réduction. Des modèles de calcul aideront ici à aller encore plus loin dans la mise en œuvre de mesures de réduction efficaces. Outre les émissions générées directement et indirectement par l’entreprise, telles que les véhicules de fonction ou l’électricité achetée, l’intégration de la chaîne de création de valeur est ensuite nécessaire. C’est-à-dire l’achat de matières premières et de produits, le transport, la distribution, les déplacements professionnels, les trajets domicile-travail des collaborateurs, etc.

Et quelle est la vision à moyen terme pour atteindre l’objectif net zéro?

Nous sommes en faveur d’un marché numérique pour des mesures de réduction en Suisse. Les données des principales sources d’émissions, en particulier les bâtiments, les chaînes d’approvisionnement et la mobilité, sont échangées entre les entreprises de manière efficace et sans rupture de média. Ainsi, il est par exemple possible de proposer de nouveaux sites de manière proactive à une entreprise possédant plusieurs sites sur la base d’une analyse de la mobilité du personnel et des émissions dans les bâtiments existants. Un tel marché ne peut pas être mis en œuvre par Swisscom seule. Il nécessite un écosystème durable et numérique. La mise en réseau à l’aide de l’IoT et la représentation numérique d’objets à l’aide de jumeaux numériques doivent également être encouragées comme base.

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